Alors que les environnementalistes les vénèrent, la majorité de la population humaine est ignorante face aux services rendus par les zones humides recouvrant la Terre. En effet, étant peu attrayants pour la pratique des activités anthropiques, l’homme a rapidement voulu transformer ces milieux pour les rendre propices à l’agriculture et au développement urbain. Malheureusement, aujourd’hui, les scientifiques estiment que 64% des zones humides de la planète ont disparu depuis 1900 et les conséquences ne se limitent pas qu’à cela1. De 1975 à 2015, 76% des populations animales et végétales d’eau douce se sont éteintes. L’humain se doit d’éveiller sa prise de conscience face à cette réalité1. Saviez-vous que ces milieux naturels disparaissent 3 fois plus vite que les forêts2?
Au Québec, en 2017, le gouvernement a pris les devants en adoptant la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (LCMHH)3. Cette initiative se voulait être un point de départ pour la protection, la restauration et la gestion durable de ces zones. À l’heure actuelle, ces milieux occupent environ 11 % du territoire québécois, mais, comme ailleurs dans le monde, la majorité d’entre eux demeurent menacés4.
Avant de pouvoir entreprendre les démarches pour protéger cette richesse, il faut d’abord savoir la reconnaitre et la comprendre. Trois éléments clés permettent de définir un milieu humide, soit l’hydrologie (le degré d’inondation), la végétation et la nature du sol5. Un aspect important à retenir concernant ces milieux est leur évolution dans le temps. En effet, ces zones sont immergées ou imbibées d’eau de façon permanente ou temporaire. Ainsi, leur superficie, leur degré d’humidité et leur composition végétale varient en fonction de plusieurs facteurs externes, tels que les saisons, les conditions météorologiques et le climat5. Les milieux humides sont définis en quatre grandes catégories : les étangs, les marais, les marécages et les tourbières. Chacune d’entre elles possède des caractéristiques distinctes qui lui confèrent des fonctions écologiques spécifiques.
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Les étangs | Les marécages |
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Les marais | Les tourbières |
Maintenant, intéressons-nous aux rôles écologiques de ces milieux :
Régulation du niveau de l’eau
Les zones humides agissent comme des éponges géantes. Elles absorbent l’eau lors des précipitations intenses (pluie ou fonte des neiges) et la redistribuent progressivement durant les périodes sèches. Cette capacité de rétention contribue à la régulation des crues et à la prévention de l’érosion6. De plus, certaines terres sont particulièrement efficaces pour recharger les nappes phréatiques7.
Biofiltration de l’eau
Surnommées les reins de la nature, les terres humides filtrent naturellement, grâce à leur haute densité en végétaux, les eaux qui la traversent. Les espèces végétales qui y vivent, telles que les quenouilles, contribuent à l’élimination du phosphate et des autres éléments nutritifs, ralentissant ainsi la prolifération des algues et des herbes aquatiques nuisibles6. De plus, les polluants contenus dans les sédiments, une fois déposés au sol, sont dégradés par l’activité microbienne naturellement présente dans ces milieux8.
Riche en biodiversité
Les zones humides sont le domicile de plusieurs espèces animales, végétales et microbiologiques. En effet, pouvant s’y abriter et s’y nourrir, ce sont 40% des espèces mondiales qui y vivent ou s’y reproduisent7! Sans l’existence de ces terres, plusieurs organismes vivants deviennent à risque d’extinction.
Séquestration de carbone
Les terres humides possèdent un rôle clé dans la lutte contre les changements climatiques. En plus d’assurer les fonctions essentielles mentionnées ci-haut, elles figurent parmi les écosystèmes les plus efficaces pour la captation et le stockage du carbone. Les tourbières, en particulier, se démarquent dans cette compétence. Ce type de zones humides occupent près de 3% des terres de notre planète, mais stockent environ 30% de tout le carbone terrestre9!
Rafraichissement de l’eau
Les zones humides contribuent également au rafraîchissement de l’eau qui y circule. C’est leur végétation abondante qui favorise l’abaissement de la température de ces eaux. Cette fonction aide, par conséquent, à réduire les risques de prolifération des algues7.
En bref, bien que ces milieux semblent à première vue inutiles et peu valorisables, ils sont au contraire une richesse écologique précieuse dont la protection doit être priorisée.